Chatterton

02 V 97

Ai-je rêvé ces champs, ces cottages, ces murs
Etendues infinies de ma campagne anglaise ?

Je n'arrive à croire que ma pensée se plaise
Dans ce monde illusoire mais pourtant si pur
Qui serait le fruit de mon imagination
Ô Chatterton, ton esprit vagabond me hante,
Démon de bien-être, innocente tentation,
Il noircit mes pensées, et mes vers s'en ressentent.

Mais quand le soleil filtre à travers les nuages,
Quand mes yeux se posent sur ce beau paysage,
Quand à mes côtés, me sourit mon âme soeur,
Il brille sur mes joues les larmes du bonheur.

Le printemps se réveille, les odeurs s'exhale;
Ta main dans la mienne, nous suivons les traverses;
Les semaines passent et notre peau se hâle,
Profitons du moment, avant l'automne adverse.

(Tout le monde est joyeux, tout le monde sourit.
Quatre mois encore avant la fin de l'été...
Le Temps file, la Nature déjà périt;
Serons-nous heureux ? Qu'importe on l'aura été.

La pluie envahit alors mes nobles highlands,
Les prés se font jaunes et Talbot approche;
Je n'accepte que, pour survivre, on me vende,
Plutôt sentir le soufre, délicieuse roche.

Seul, près de la cheminée, je fixe les flammes
Belles et craintives, elles dévorent mon oeuvre)

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© CÉNA – Claude-Étienne Armingaud – 2002